Dans le contexte global de la lutte contre les méfaits du jeu, de nombreuses juridictions ont mis en place des programmes de jeu responsable (JR) visant à prévenir ou minimiser les problèmes liés au jeu. Cependant, l'efficacité de ces programmes reste largement discutée. Une étude menée par Robert Ladouceur et ses collègues offre une synthèse des preuves empiriques disponibles sur les stratégies de JR, en se concentrant sur les initiatives les plus courantes telles que l'auto-exclusion, la définition de limites, et la formation des employés des lieux de jeu.
Les Stratégies de Jeu Responsable
L'étude identifie cinq stratégies principales de JR, chacune ayant un impact variable sur la réduction des méfaits du jeu :
- Auto-exclusion : Ces programmes permettent aux joueurs de se bannir volontairement des lieux de jeu. Bien que des effets positifs aient été observés à court terme, tels qu'une amélioration du bien-être psychosocial, les taux de récidive restent élevés, mettant en question l'efficacité à long terme de ces programmes.
- Caractéristiques Comportementales du Jeu : Le suivi des comportements de jeu, notamment en ligne, permet de développer des algorithmes pour identifier les joueurs à risque. Cependant, la précision et l'efficacité de ces outils nécessitent encore des recherches supplémentaires.
- Définition de Limites : La pré-engagement à des limites de temps ou d'argent avant une session de jeu est une stratégie couramment utilisée. Les preuves montrent que ces limites peuvent être efficaces, mais seulement pour certains joueurs. Pour d'autres, elles peuvent même exacerber les problèmes de jeu.
- Caractéristiques Spécifiques des Jeux de Hasard : Les messages d'avertissement et autres fonctionnalités intégrées aux machines à sous électroniques visent à promouvoir un jeu responsable. Toutefois, leur efficacité reste modeste et dépend souvent de la manière dont ces fonctionnalités sont implémentées.
- Formation des Employés : Les employés des lieux de jeu sont souvent en première ligne pour identifier et intervenir auprès des joueurs en difficulté. La formation à la sensibilisation aux problèmes de jeu montre une efficacité partielle, mais des défis subsistent, notamment en ce qui concerne la reconnaissance précise des signes de jeu problématique.
Implications pour les Politiques de Jeu Responsable
L'analyse de Ladouceur et al. souligne que, bien que certaines stratégies de JR montrent une certaine efficacité, l'ensemble du domaine reste à un stade précoce de développement. Les pratiques actuelles, bien que souvent basées sur des intuitions ou des politiques adoptées ailleurs, manquent de fondements scientifiques solides. Il est crucial que les futures initiatives de JR soient rigoureusement évaluées et fondées sur des preuves empiriques robustes pour éviter des conséquences involontaires néfastes pour les joueurs.
Conclusion
L'évidence actuelle sur l'efficacité des initiatives et programmes de jeu responsable est limitée. Il est essentiel que les décideurs politiques et les parties prenantes collaborent pour développer et évaluer des programmes qui assurent réellement le bien-être des joueurs, tout en minimisant les risques de méfaits associés à des stratégies mal conçues.